Les mangeoires des refuges

Le nourrissage en hiver

Moineau domestique                                                     Photographie PR Meffre - La faune de mon jardin

En hiver les oiseaux doivent affronter des conditions difficiles car les aliments naturels deviennent rares : les insectes meurent ou hibernent et la quantité de fruits et de graines diminue. Les oiseaux vont alors commencer à rechercher de nouvelles sources de nourriture et un certain nombre d'entre eux sera attiré par les mangeoires. Si les oiseaux sont peu nombreux autour des mangeoires, cela signifie qu'ils ont encore assez de nourriture dans leur milieu naturel. Ainsi les mésanges noires ne sortiront des bois où elles vivent habituellement uniquement si leurs ressources alimentaires sont devenues plus rares et il est donc peu probable qu'elles fréquentent les jardins lors d'un hiver doux. Lorsqu'il y a beaucoup de faînes de hêtre, les mésanges bleues et charbonnières qui vivent dans les jardins en été, se déplacent dans les zones boisées ou elles trouveront leur nourriture favorite. À l’inverse les années de faible production de faînes, les mésanges bleues et charbonnières des bois viennent passer l'hiver dans les jardins où elles dépendent alors de la nourriture des mangeoires. Pour ces mêmes raisons, certains oiseaux de montagne descendent dans les plaines pour éviter la neige et le gel et trouver ainsi plus facilement leurs sources de nourriture.

Par contre d'autres oiseaux n'attendent pas la raréfaction de leur source de nourriture pour venir aux mangeoires, c'est le cas des tarins ou des verdiers qui recherchent des noisettes ou des graines de tournesol dans les mangeoires, même s'il n'y a pas encore de pénurie alimentaire. Par ailleurs, plus l'hiver est froid, plus nombreuses sont les espèces d'oiseaux susceptibles de profiter des mangeoires. Ainsi la mangeoire pourra recevoir la visite d'hôtes plus rares comme les becs-croisés, les jaseurs de Bohème, les troglodytes, les pinsons du Nord ou les bruants des roseaux. L'hiver peut même modifier le comportement habituel des oiseaux lors de conditions extrêmes, ainsi les rouges-gorges, qui sont des oiseaux très territoriaux, se nourriront alors côte à côte.

Mésange charbonnière                        Photographie Guy Bourderionnet - album.oiseau-libre.net

Le plus grand danger pour les oiseaux en hiver, n'est pas tant le froid que le manque de nourriture. C'est la diminution de la nourriture disponible, comme par exemple dans le cas d'une période de neige prolongée, recouvrant le sol et les arbres, qui est responsable de la mortalité des oiseaux en hiver. Un sol dur, gelé, fait que les vers s'enfoncent plus profondément dans le sol, empêchant alors les oiseaux de se nourrir. Même s'ils parviennent à en trouver de la nourriture, le temps et les efforts qu'il leur faut fournir leur font perdre une énergie précieuse. En hiver les jours sont très courts et les nuits très longues, les oiseaux ont donc moins de temps pour trouver à manger. Certains s'adaptent comme ils peuvent. Ainsi de nombreuses mésanges bleues profitent de l'éclairage public pour faire des heures supplémentaires. Si la période de neige et de glace se prolonge, les mangeoires deviennent alors des refuges absolument vitaux pour de nombreuses espèces, qui quitteront leur environnement habituel pour se diriger vers les villes et les villages. D'autres espèces plus rares se présenteront alors aux mangeoires.

Dans des conditions hivernales extrêmes, lorsque les eaux sont gelées et que les flaques de boue sont raidies par la glace, les oiseaux aquatiques et les échassiers souffrent. Les hérons et les martins-pêcheurs doivent se rendre sur le littoral pour trouver des eaux libres, les bergeronnettes grises ne trouvent plus d'insectes sur les berges des cours d'eau, les grives et les rouges-gorges ne peuvent plus plonger leur bec dans la terre gelée. En les nourrissant régulièrement les oiseaux des jardins, on permet aux populations d'oiseaux sauvages d'avoir un peu plus de nourriture et de survivre plus facilement.


Les oiseaux sont parfaitement capables de supporter le froid et même de résister aux basses températures, mais dans des conditions extrêmes leurs besoins énergétiques s'en trouvent augmenté, car les oiseaux ont besoin davantage de combustible pour se réchauffer. Lorsque les nuits sont très froides, les oiseaux perdent du poids, certains oiseaux perdant même 10 % de leur poids ou même parfois davantage en une seule nuit de gel. Ils doivent donc compenser absolument cette perte de poids durant les courtes heures de jour. La nourriture est le carburant qui leur permet de garder leur chaleur. Plus il fait froid et plus il leur faut brûler de carburant. Si la nourriture est trop rare, la mort survient en quelques heures, et elle frappe même le petit oiseau en pleine forme, s'il ne trouve pas de quoi manger pour reconstituer ses réserves énergétiques. Les troglodytes, les mésanges à longue queue et les roitelets huppés sont donc des espèces particulièrement fragiles. C'est donc la faim qui tue les oiseaux et non le froid et la pire des choses à faire, c'est d'interrompre leur nourrissage, car les oiseaux se livreront alors à une compétition sévère pour les maigres ressources alimentaires naturelles restantes.

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Proportionnellement ce sont plus particulièrement les petits oiseaux qui ont besoin de manger de grandes quantités de nourriture. En hiver, un oiseau comme le rouge-gorge ou la mésange bleue doit pouvoir manger chaque jour une quantité de nourriture équivalente au quart ou au tiers de son poids corporel. Un troglodyte doit manger continuellement s'il veut survivre. Lors d'un hiver exceptionnellement froid, jusqu'à 90 % des individus de cette espèce d'oiseaux peuvent mourir. La raison de cette mortalité au froid est liée à une surface corporelle proportionnellement plus grande chez les petits oiseaux. Comme les déperditions de chaleur se font plus rapidement, ils doivent donc manger proportionnellement beaucoup plus. Les oiseaux doivent maintenir une température corporelle qui se situe entre 40 et 44,4° C. C'est la température la plus élevée de toutes les espèces animales. Les passereaux doivent manger vite et beaucoup s'ils veulent maintenir cette température corporelle et survivre en hiver. C'est pourquoi manger continuellement est pour les petits oiseaux, une question de survie.

Si le nourrissage contribue à la survie des oiseaux en cas de mauvais temps, aucune espèce ne dépend entièrement d'une seule source de nourriture. Dans la nature, les oiseaux doivent s'adapter à la plus ou moins grande disponibilité des aliments et la survie dépend de leur faculté à trouver rapidement de nouvelles sources. Il y a toutefois deux situations dans lesquels ils dépendent du nourrissage. Premièrement, en cas de froid extrême, lorsque les aliments naturels ne sont plus accessibles, une mangeoire bien remplie peut sauver des oiseaux. Deuxièmement, dans les nouveaux lotissements, en particulier lorsque les jardins sont encore nus, l'installation de quelques mangeoires permettra le maintien d'une forte population. Les oiseaux ne se nourrissent pas dans un seul jardin, ils en visitent plusieurs dans un même quartier. Là où des mangeoires entretiennent une population artificiellement élevée, les oiseaux pourraient souffrir d'une pénurie s'ils étaient obligés de revenir à une alimentation entièrement naturelle, en particulier à la fin de l'hiver, lorsque les ressources sont encore limitées. Pour certaines espèces, la concurrence peut s'avérer fatale.

Il existe deux manières de nourrir les oiseaux de jardin :

• Planter des arbres, des arbustes qui porteront des fruits, des baies, des graines ou qui vont attirer des insectes.

• Fournir vous-même la nourriture dans des mangeoires.

À quelle époque commencer le nourrissage

Avant tout il est important de comprendre que dès que vous commencez à nourrir les oiseaux, vous signez une sorte de contrat moral avec les oiseaux, qui vous oblige à poursuivre le nourrissage sans interruption jusqu'à l'arrivée du printemps. N'arrêtez pas le nourrissage en plein milieu de l'hiver, car les oiseaux ont leurs habitudes et ils viendront visiter vos mangeoires dès qu'ils auront découvert toutes les ressources qu'elles contiennent. Par temps de gel, un voyage inutile pour trouver une mangeoire vide n'arrangerait pas les affaires de vos visiteurs.

Commencez le nourrissage avec les premiers jours de gel (fin octobre à fin novembre selon la région). Dès que le temps se radoucit définitivement (vers le mois de mars), arrêtez progressivement le nourrissage.


Encore un dernier avertissement: ne gavez pas vos oiseaux. Il est totalement insensé de leur présenter des repas pantagruéliques. En augmentant le nombre des visiteurs, vous augmentez également les risques de salmonellose et de tuberculose qui sont des maladies infectieuses très fréquentes chez les oiseaux sauvages. L'objectif premier du nourrissage est de fournir un supplément de nourriture et non de rendre les oiseaux tributaires de la mangeoire, ni de leur désapprendre à rechercher les graines et les insectes dans leur milieu naturel.


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