Le monde de la chasse

Une chasse de loisir

Renardeau                                                                  Photographie C.A. Vaucher - Batraciens-reptiles.com


Tuer pour le plaisir


« Lorsque les conditions de vie ne nécessitent pas d'y recourir, seuls les hommes qui ont dépassé le stade de la chasse et sublimé les éventuelles pulsions de ce type méritent le nom d'Homo sapiens sapiens ».
Théodore Monod, ancien président de la Ligue pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs (ROC)

Aujourd'hui dans les pays riches, la chasse est devenue seulement une activité de loisir. Nous ne sommes plus à l'époque, où il était nécessaire de chasser pour ne pas mourir de faim. Actuellement à peine 3 % de la population française la pratique, les 97 % restants n'ont pas besoin de la chasse pour se nourrir.

"La chasse est légitime lorsqu'elle est de subsistance comme c'est encore le cas de par le monde, ou un dernier recours comme cela peut se présenter dans nos pays occidentaux… En aucune manière la chasse de loisir n'a cette justification. Et les chasses cruelles sont à condamner".
Hubert Reeves, Président de la Ligue pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs

La chasse de loisir est aussi une activité peu glorieuse. Le perfectionnement des armes, et l'extrême facilité de tirer sur les animaux d'élevage font que la cible n'a guère de chance d'échapper au tireur. Ce type de gibier se laissant abattre sans tenter le plus souvent de fuir. Le gibier le plus chanceux tombera sur un tireur maladroit, vous savez, ceux qui sont capables de faire un carton sur un promeneur ou sur un autre chasseur. Le gibier le moins chanceux sera celui qui ne sera que blessé (1/3 des animaux ne serait pas tué net). Il ira mourir dans un souvent d'une longue agonie.

Cette chasse de loisir peut également être une activité commerciale très lucrative pour certains. Dans les chasses privées payantes, il est courant aujourd'hui d'avoir des nemrods qui ne se contentent plus d'un ou deux sangliers par saison, comme c'était le cas lorsque la chasse était réellement auparavant une activité essentiellement rurale, mais qui veulent avoir plusieurs animaux au tableau de chasse par jour.

« En Sologne, par exemple, le prix d'une journée dans une chasse dite «commerciale» peut aller de 1000 à 4000 F. Sur ces propriétés privées, entourées de hauts grillages, cela fait belle lurette que le petit gibier sauvage a disparu. Ce sont donc des oiseaux d'élevage qui sont lâchés, afin que les amateurs puissent être assurés de rapporter quelques faisans dans leur gibecière. «C'est une véritable industrie, explique Alain Beignet, conseiller régional socialiste. 1,5 million de faisans, perdreaux, canards et perdrix sont élevés dans la région chaque année, soit un quart de la production nationale. Cette chasse n'a plus rien de naturel. Quel plaisir peut-on avoir à tirer des faisans bourrés d'antibiotiques?» Bien souvent, les oiseaux ne sont sortis des cages que la veille du jour de chasse. A 60 F le faisan, l'acheteur n'a pas envie qu'il se fasse croquer par un renard! »

L'Express du 01/11/2001 : A l'affût de l'argent occulte des chasseurs

Pour fournir le gibier nécessaire, les chasseurs ont donc favorisé volontairement l'expansion de plusieurs espèces d'animaux sauvages au risque de perturbation importante à l'environnement. En favorisant le développement de gibier de tir, comme les sangliers, par l'élevage ou le nourrissage, afin d'accroître le nombre de leurs cibles potentielles, les chasseurs ont provoqué dans certaines régions une augmentation considérable des dégâts aux cultures causés par ces animaux. Certains élevages illégaux de cochongliers ont également été découverts. Les cochongliers sont des animaux d'élevage, issus du croisement d'un cochon domestique et d'un sanglier, qui sont ensuite relâchés pour la chasse.


Dates d'ouverture

La chasse aux oiseaux

Parmi les 300 000 chasseurs d'oiseaux, on compte la frange la plus extrême de la chasse. Régulièrement ces extrémistes font entendre leur voix pour protester contre la réglementation des dates de chasse aux oiseaux migrateurs, bien que la France ait la période d'ouverture de chasse la plus étendue en Europe, et sans parler du braconnage en dehors des dates de chasse comme dans le cas des tourterelles du Médoc par exemple.

La France est le seul pays à autoriser à l'encontre des lois européennes une chasse en février, période de retour de migration. Un oiseau est tué à cette période, c'est un oiseau qui ne se reproduira pas… Même s'ils ne sont pas tués lors de leur retour, les migrateurs ont besoin de pouvoir se nourrir et se reposer en paix durant les étapes de leur voyage. Parcourir quelquefois des milliers de kilomètres demande une grande dépense d'énergie qu'il faut renouveler. Lorsqu'ils sont victimes de la chasse à cette période, ils ne peuvent le faire normalement et ce sont des oiseaux affaiblis qui arrivent au terme de leur migration, ce qui hypothéquera fortement le succès de la reproduction… Tirer sur des oiseaux, alors qu'ils n'ont pas terminé leur période de reproduction, que les jeunes ne sont pas encore totalement envolés est aussi une hérésie environnementale.

C'est pour cette raison qu'un rapport scientifique demandé par le gouvernement au Professeur Lefeuvre (Museum National d'Histoire Naturelle) en septembre 1999, propose de fermer la chasse aux oiseaux d'eau et oiseaux migrateurs en France, du 1er février au 1er octobre. Dans ce rapport, il est noté que parmi la cinquantaine d'oiseaux migrateurs chassés en France, les études montrent que 11 nicheurs et 5 hivernants sont aujourd'hui en déclin tandis que 7 nicheurs et 24 hivernants ont un statut de vulnérabilité. D'autres études scientifiques préconisent une période de chasse encore plus limitée pour protéger ces populations de l'extinction.



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