Expérimentation animale

Une vie de chien de laboratoire dans un élevage

Beagles                                                Document One Voice


Les laboratoires vivisecteurs se fournissent en victimes de plusieurs manières. D'abord par des filières criminelles qui permettent un approvisionnement régulier en sang frais en vendant des animaux, volés ou importés clandestinement, mais aussi par l'intermédiaire de sociétés spécialisées, qui font de l'élevage d'animaux de laboratoire. En Europe, il existe plusieurs groupes, qui ont fait de ce commerce leur spécialité.

Pour le grand public, une chape de plomb recouvre cet univers concentrationnaire, où rien ne filtre sur ces pratiques infamantes qui sont infligées quotidiennement aux malheureux pensionnaires. Il ne fait aucun doute, que si la réalité de ces élevages était mieux connue, les choses pourraient enfin commencer à changer.

C'est pour cette raison, qu'en 1998, les associations One Voice et BUAV (Union britannique pour l'abolition de la vivisection) ont réussi à faire embaucher Jenny, une militante anglaise des droits de l'animal, dans un élevage de chiens de race beagles appartenant à la société H. Cette investigation a duré environ 10 mois, pendant lesquels, Jenny a pu filmer à l'insu son employeur de circonstance, les pratiques et les sévices quotidiens infligés aux animaux. Firme américaine d'élevage pour les laboratoires vivisecteurs, ses unités de production sont implantées dans de nombreux pays : Mexique, Espagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Israël, Grande-Bretagne et France (Allier). D'ailleurs ce n'est la seule firme qui ait voulu s'implanter dans ce département. Marshall Farms, autre firme américaine, a tenté elle aussi, de s'implanter dans l'Allier. Mais cette fois, la mobilisation des associations et de la population locale a mis fin à ce funeste projet.

L'industrie du chien

Cette société vend aussi de nombreux autres animaux pour la recherche : singes marmousets, lapins, cobayes, rats, souris, gerboises, hamsters et chats. Ce qui représente 225 variétés et souches différentes, avec des animaux hybrides, mutants et transgéniques, voire « préparés chirurgicalement » à la demande du client.

Les résultats de ce reportage sauvage sont effarants. Dans cet élevage, les chiens ne sont plus vraiment considérés comme des êtres vivants. Ils ne sont qu'une vulgaire marchandise commerciale, mais qui rapporte gros et il y a vraiment beaucoup d'argent à faire avec des vies animales : un de leurs centres en Grande-Bretagne génère un revenu annuel d'environ 66 millions de francs ! Aucun n'a de vrai nom, juste un numéro matricule, du type DF163 comme n'importe quelle référence d'article.

La reproduction

Pour gagner de l'argent, il faut beaucoup de chiens, et donc beaucoup de petits. Comme dans tous les élevages intensifs, on optimise la reproduction en sélectionnant des reproductrices. Ici, on ne s'embarrasse pas de considérations morales pour obtenir rapidement et à peu de frais les portées de jeunes beagles. Les femelles sont mises à contribution pour leur première reproduction après quelques mois, dès que cela est possible, car il ne faut pas de bouche inutile à nourrir. Elles font des portées à la chaîne. La femelle a subi 5 grossesses avant même d'avoir quatre ans - parfois seulement sept mois d'écart entre deux portées ! Après la mise bas, même si la femelle a eu une césarienne, elle est remise sans surveillance dans son box sale dans l'attente de la prochaine reproduction. Elles ne sont considérées que comme des machines à sous, qu'il faut remplir. Les chiennes et les quelques mâles sélectionnés pour la reproduction ne font l'objet d'aucune considération pour leurs besoins élémentaires. Ils ne connaissent qu'une vie d'ennui, avec très peu de contacts humains. Leur univers quotidien se résume seulement du box pour la saillie à celui pour la mise bas, contrairement à ce qu'exige la loi. Il n'est pas étonnant que dans cet environnement, les pertes soient importantes. Une jeune mère, stressée et désemparée, a mangé 5 de ses 6 chiots pendant la nuit. La mortalité chez les chiots est conséquente dans ces conditions : par exemple 24 % de mortalité en juin 1998, 21,5 % en septembre 1998.

Le box



Extrait d'article One Voice 1

Les conditions de vie dans les box

« Dans un seul box, entassement inacceptable, peuvent se trouver 19 chiens ! Les dominants ne laissent pas manger à leur gré certains animaux plus faibles : il en résulte des chiens sous-nourris, lesquels doivent parfois être euthanasiés s'ils ne sont pas dans les standards. L'ennui et la frustration encouragent les bagarres chez des animaux pourtant choisis par les vivisecteurs pour leur gentillesse ; des bagarres fréquentes auxquelles le personnel ne prête aucune attention. Dès lors règne la loi du plus fort… ».

« Et les animaux blessés ? Sont-ils soignés ? Non, pour deux raisons :
1) parce que ça coûte cher,
2) car les clients ont droit à de la « marchandise » de qualité, sans défaut. Dès lors, l'euthanasie ou la fin en « pièces détachées » sont de rigueur. »

« Tout cela s'aggrave en l'absence du personnel, la nuit, les week-ends et les jours fériés. Les animaux manquent de soins et de surveillance, y compris pour la gestation et les naissances. Cela explique bon nombre d'accidents, de blessures, de décès. Un cadavre raidi comme celui de DJ0738 est parfois retrouvé au matin… Des chiots sont trouvés morts pour des raisons diverses, ou noyés dans un abreuvoir… Et il fait souvent trop chaud en été et trop froid en hiver ».

« Dans cet univers rationnel de production animale, il y a pire que les cadavres de rongeurs qui traînent ! Le nettoyage des box n'est fait qu'une fois par semaine, les sols sont couverts d'eau, de sciure (flottant parfois dans l'eau !), de nourriture et d'excréments mélangés. Le nettoyage des distributeurs de croquettes n'a lieu qu'une fois par mois, on y retrouve des amas collés par les moisissures, avec des paquets d'asticots en prime ! ».

Le personnel

« L'un des autres résultats négatifs dû au personnel surchargé est le manque de contacts avec les humains, et nous ne parlons pas de caresses ! La sociabilisation des chiens, pourtant vantée dans la brochure commerciale, est minime, voire absente. Dans certains cas, même les reproducteurs qui, eux, ont pourtant le temps de s'habituer au personnel, fuient et se cachent à son arrivée… ».

« L'enquête révèle que les employés sont souvent sous-qualifiés - on a imposé à Jenny de faire des piqûres alors qu'elle n'avait jamais appris ! Mais surtout, il y a surcharge de travail. Puisqu'on cherche à faire des économies, il est normal d'en demander un maximum aux salariés. Chacun(e) doit s'occuper d'environ 300 chiens quotidiennement : nourriture, nettoyage éventuel, soins. Dans ces conditions-là, il est impossible de tout voir, de tout prévenir ou guérir ».


La logique économique

« En théorie, il faut adapter l'offre à la demande. Mais en réalité, il est difficile de prévoir combien d'animaux seront commandés par les vivisecteurs. Ne pas en produire assez, c'est risquer de perdre des clients. Alors on en fait naître trop et, en cas de « surstockage », on fait disparaître le « surplus » dont l'entretien n'est pas rentable. Manque de place pour les plus jeunes qui arrivent, trop de travail pour le personnel et aliments gaspillés. Dès lors, la solution commune est simple : la piqûre ».

« Les animaux qui ont un défaut même mineur reçoivent un carton rouge avec les lettres NCP : produit non conforme. Oui, vous avez bien lu : « produit » ! Dans une firme où l'on tue sans gêne des chiens de moins de un an en pleine santé, pourquoi conserver ceux qui n'ont qu'un testicule ? ou un léger souffle au cœur ? ou un moignon de queue Et on n'hésite pas à les tuer en quantité 5 ou 6 dans la journée, voire bien plus le 23 juillet 1998, ce fut un lot de 29 beagles ».

« Puis c'est le sac-poubelle et l'incinérateur. En un peu plus d'un an, environ 250 chiens ont été tués dans la seule unité britannique, sans entrer dans la moindre statistique ! »

« Et la même chose arrive à tous les autres animaux élevés pour les labos, mais en bien plus grand nombre - les rongeurs « surnuméraires » sont tués par milliers ».

« Tout cela au nom de la rentabilité. Si on voulait vraiment y mettre les moyens, les animaux seraient mieux traités - ce qui n'enlèverait rien à l'horreur de la vivisection. Mais comme on souhaite maximiser les profits, on gère comme des objets ces êtres vivants dont personne n'est censé entendre les plaintes… "Money is money " ».

1. D'après un article paru dans Animaction N° 15 de One Voice


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