Voyage à Lesbos
Sappho
Sappho et Alcée (Image Wikipédia)
C'est Sappho qui a donné son nom à l'île. Sappho était une poétesse grecque de l'Antiquité qui a vécu au VIIe siècle av. J.-C. à Mytilène, sur l'île de Lesbos.
Le problème des sources
On ne connaît que peu d'éléments sûrs concernant Sappho : en effet, son amour pour les femmes est clairement lisible dans certains de ses poèmes, ce qui en a empêché la préservation par les scribes chrétiens médiévaux (les sources antiques elles-mêmes la condamnant parfois pour cela : la Souda, par exemple, parle d'« amitiés honteuses »). Ainsi, il ne nous reste d'elle que des fragments et des citations éparses faites par d'autres auteurs s'étendant à travers les siècles. On ne peut reconstituer son œuvre et sa vie qu'à travers ce prisme très déformant. Il ne faut donc pas perdre de vue qu'on parle à la fois d'une personne et d'un personnage, sans qu'il soit toujours facile de distinguer l'une de l'autre.
Vie de Sappho
Les sources étant toutes postérieures à son époque, elles doivent être considérées avec réserve.D'après Strabon, Sappho aurait été contemporaine de son concitoyen, Alcée (circa 620), et de Pittacos (645-570). La Souda la fait naître (ou avoir été vivante de manière sûre, le terme grec n'étant pas clair) pendant la 42e olympiade (612/608). Actuellement, on s'accorde pour penser qu'elle serait née vers 630 à Eressos, et que 620 correspond à une date à laquelle elle était vivante. Ses parents, Scamandre et Cléis, auraient été engagés dans des affaires politiques qui auraient causé quelques torts à leur fille voire des périodes d'exil. Un papyrus d'Oxyrhynque (portant le numéro 1880), confirme la plupart de ces renseignements.
Si son « homosexualité » ne fait aucun doute, il faut se rappeler que le terme même est anachronique à cette époque où il n'a guère de sens. Ses écrits n'ont pas soulevé de grande polémique de son vivant. De plus, on sait qu'elle a été mariée et a eu une fille, Cléis, qu'elle dit avoir chérie plus que tout. Elle a vraisemblablement fondé puis dirigé à Mytilène une école pour jeunes filles où elle a enseigné la poésie et les mystères d'Aphrodite, jeunes filles parmi lesquelles elle devait compter ses amantes. Elle s'est décrite petite et mate de peau.
Il n'est pas facile d'extraire quoi que ce soit de réellement objectif. La légende, cependant, s'est emparée d'un tel personnage, lui inventant une fin tragique (elle se serait jetée dans la mer à cause d'un amour non partagé pour un certain Phaon), ce qui est probablement une confusion avec une autre Sappho, joueuse de lyre et courtisane (selon la Souda). Ses mœurs, parfois réprouvées à l'époque (les sources anciennes font remarquer qu'on l'a « accusée » d'entretenir des rapports honteux avec des femmes), ont aussi été l'occasion, au fil des siècles, de « salir » son image et de la tourner quelque peu en dérision.
Oeuvre de Sappho
Très célèbre et appréciée dans l'Antiquité dans une épigramme qui fut attribuée (sans doute par erreur) à Platon, l'auteur la qualifie de « dixième Muse » il ne nous reste de ses écrits que peu de traces : un seul poème est arrivé jusqu'à nous dans son intégralité, l'Hymne à Aphrodite, les autres étant lacunaires (ce sont des fragments sur papyrus, des citations parfois limitées à un vers voire un mot). Son thème favori semble être la passion amoureuse. Elle a aussi écrit des épithalames. On peut donc dire de sa poésie qu'elle est lyrique.
Malgré le flou qui entoure son œuvre, certaines pièces restées très célèbres ont été pérennisées par des réécritures nombreuses, comme cette citation de dix-sept vers faite par le Pseudo-Longin dans son traité Du sublime décrivant une femme connaissant les affres de la passion en voyant celle qu'elle aime rire et se rapprocher d'un homme (fragment 31 de l'édition Loeb, fragment 2 dans l'édition Bergk) : source d'inspiration pour Louise Labé dans son sonnet VIII ; on en retrouve aussi l'esprit dans la description que fait Jean Racine de la douleur de Phèdre dans sa pièce homonyme (acte I, scène 3, tirade commençant au vers 269). Ce poème, mêlant description des douleurs tant physiques que mentales endurées par une femme amoureuse sans être aimée en retour est devenu un véritable topos littéraire.Elle écrivait dans un dialecte grec dit éolien voire lesbien (caractérisé par la psilose, un bouleversement de l'accentuation et le maintien du digamma). On lui doit un mètre particulier dit « mètre sapphique ».
La Lesbienne
Sappho est connue comme étant « la Lesbienne », c'est-à-dire, au départ par antonomase, « la personne célèbre de Lesbos ». L'homosexualité féminine n'ayant jamais été vraiment tolérée dans l'Antiquité, le terme de lesbienne en est venu à désigner une femme homosexuelle au cours de la seconde moitié du xixe siècle. D'une même manière, les termes dérivés de son nom, comme l'assez rare saphisme et l'adjectif dérivé, saphique, dénotent plus souvent l'homosexualité féminine que ce qui a trait à la poétesse.
Source texte : Wikipédia
Buste de Sappho (?), copie romaine d'un original grec du Ve siècle av. J.-C., musées du Capitole
