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Alors que nos députés envisagent sérieusement de voter une Loi pour créer un délit d'entrave à la chasse, punissable de prison et d'une amende de 1 500 €, les chasseurs ne reculent devant aucun outrage à la Nature et s'amusent à organiser un ... championnat de France de déterrage !
Ce "jeu" consiste à creuser une tranchée avec pelles et pioches pour capturer un animal (blaireau, renard, ragondin) maintenu dans l'accul de son terrier par des chiens lâchés dans les galeries. Après plusieurs heures de terrassement l'animai est saisi à l'aide de pinces métalliques, puis tué, à coups de pelle, de dague ou de carabine !
Les déterreurs justifient leur pratique en accusant ces animaux de commettre des dégâts dans les cultures ; de miner les digues et les terrains agricoles ; d'effectuer une prédation sur le "gibier"; enfin, de proliférer par manque de prédateur naturel. .. Ce préjudice est réel, mais minime et limité dans le temps. Par ailleurs, il existe d'autres solutions que l'élimination pure et simple des blaireaux: répulsifs, clôture électrique, déplacement des animaux vers des sites inoccupés.
Et comment reprocher au blaireau de jouer son rôle de prédateur? Du reste, le spectre alimentaire de cette espèce opportuniste est très large: les vers de terre, notamment, constituent dans certains milieux l'essentiel de son alimentation !
Quant au risque de prolifération, il est infondé: le taux de reproduction du blaireau est faible et l'animal autorégule ses populations en fonction des ressources disponibles.
Le blaireau est une espèce protégée dans la plupart des pays européens: Belgique, Grande-Bretagne, Italie, Irlande, Espagne, Grèce, Pays-Bas, Luxembourg. En France, son statut de gibier autorise à le chasser durant la période d'ouverture de la chasse et durant une "période complémentaire" qui s'étend du 15 mai au 15 septembre.
Le comble de l'ignominie est atteint avec les "concours de déterrages ; épreuves durant lesquelles des équipages - hommes et chiens - sont jugés sur la rapidité et la "qualité" de leur "travail"!
C'était récemment le cas à Cluny, en Saône-et-Loire: une épreuve du "Championnat de France de déterrage de blaireaux" réunissant une vingtaine d'équipages s'y est déroulée les 16, 17 et 18 mai. Et même si les déterreurs s'étaient pour une fois engagés à ne tuer aucun blaireau, la mort de l'animai peut survenir ultérieurement, à cause des blessures et du stress provoqué par plusieurs heures de harcèlement (myopathie de capture).
À l'appel d'associations de protection de la nature, 250 personnes sont venues à Cluny pour dénoncer, dans le calme, l'intolérable cruauté de ce mode de chasse, réclamer l'interdiction du déterrage ainsi que le classement du blaireau parmi les espèces protégées. Leur présence n'était pas vraiment souhaitée par les "champions ; qui auraient bien aimé qu'aucune image de leurs exploits ne soit réalisée ...
Obtenir le statut "protégé" pour le blaireau, c'est le but que s'est fixé l'association MELES, à travers la réalisation du DVD "Le blaireau, de l'ombre à la lumière ; que l'on peut se procurer à l'adresse suivante: virginiebadger@aol.com.
D'autre part, le site www.abolition-deterrage.com permet d'obtenir de nombreux renseignements sur la pratique du déterrage et de signer la pétition réclamant l'interdiction de la vénerie sous terre.
Source : Chasseur d'images N° 305